J45 | ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest | Anthony Marchand, 4è : "Le cap Horn, une atmosphère austère, mais une multitude d'émotions" 

La nuit dernière, à 23h21 (heure de Paris), Anthony Marchand a franchi le cap Horn, laissant ainsi derrière lui le Grand Sud et ses affres, ce qu’il a vécu comme un soulagement. Mieux, comme une délivrance. A la clé, des émotions fortes, forcément, d’autant qu’il s’agissait pour lui de son deuxième passage en moins d’un an à la fameuse pointe chilienne, et de son premier en solitaire. Le skipper d’Actual Ultim 3 le sait, la route est encore longue pour rallier Brest, cette dernière s’annonce jalonnée de chausse-trappes, à commencer par une vaste zone de molle au large des côtes brésiliennes, qui pourraient bien largement relancer le match entre lui et son rival Éric Péron, et ainsi garantir une remontée de l’Atlantique en mode « régate ».

« Difficile de décrire ce qu’il se passe dans sa tête lorsque l’on déborde ce fameux cap Horn après presque 45 jours de mer ! L’indien et le Pacifique sont des océans usants. Le fait de sortir du tunnel du Grand Sud génère forcément une foule d’émotions. C’est d’autant plus vrai que j’ai finalement eu la chance de le contourner de jour, avec de belles couleurs. Je ne suis pas passé hyper proche mais suffisamment pour en profiter quand même », a relaté Antho ny Marchand joint par son équipe, ce jeudi matin, après avoir donc franchi le point le plus austral de l’Amérique du Sud à 23h21 la nuit dernière, en le laissant à environ cinq milles.

« Peu avant de passer la pointe, c’était un peu chaud, avec du vent assez fort sur une mer courte mais au niveau de l’île du Horn, j’ai finalement eu des conditions quasi parfaites, avec de très nombreux oiseaux autour de moi. J’ai savouré le moment mais j’ai cependant éprouvé une drôle de sensation », a expliqué le skipper d’Actual Ultim 3 qui, pour mémoire, avait franchi ce fameux cap Horn pour la première fois en mars 2023, en équipage, dans le cadre de The Ocean Race, à bord de Biotherm.

« Ça avait été un moment très fort pour moi parce qu’un e première, c’est toujours quelque-chose. Passer à cet endroit en solo, et en Ultim qui plus est, ça a évidemment été intense mais finalement pas plus que la fois précédente. L’atmosphère était néanmoins différente. La grisaille la mer, le vent… tout ça a généré un truc plutôt austère et, pour finir, un peu angoissant », a détaillé le navigateur qui, après avoir un temps composé avec de la pétole dans la nuit, évolue à présent dans le détroit de Le Maire, cet étroit bras de mer de seulement 30 kilomètres qui sépare l’île des États de la péninsule Mitre, à la pointe orientale de la Terre de Feu argentine.

Une remontée de l’Atlantique sous forme de duel ?

« Ça souffle entre 25 et 27 nœuds et ça tape énormément. Je plante littéralement des pieux car j’évolue mer contre courant. Sans foil c’est franchement désagréable, pour ne pas dire insupportable. Logiquement, ça devrait  se calmer à la sortie du canal. En tous les cas je l’espère car ça fait longtemps que je n’ai pas pu dormir », a indiqué Anthony dans une communication très hachée, avec une excitation clairement en train de retomber.

« La situation à venir promet d’être complexe. Je risque de faire du près pendant un moment. Au moins jusqu’à la latitude de Recife », annonce le marin dont la monture, privée de ses deux foils, n’est certainement pas à son avantage dans ce type de conditions. « Éric (Péron) est sur mes talons mais je vais me battre pour rester devant. Une zone de molle du large du Brésil risque bien de mettre un peu le bazar et de relancer complètement le match. Pas question, donc, de se démobiliser car il risque d’y avoir une belle bagarre sur cette remontée de l’Atlantique. Ce que je retiens, c’est que se tirer la bourre, c’est toujours mieux que de naviguer solo en mode croisière », a relaté le skipper d’Actual Ultim 3, que l’on sait véritable compétiteur dans l’âme, mais qui ne minimise par ce que l’attend.

Encore un océan complet devant les étraves

« Après le Horn, on a l’impression que l’on est proche de la maison or il reste un océan entier à traverser avec un total de plus de 5 000 milles à parcourir. Le positif, c’est que je me sens bien en mer. Passée la déception de ne pas rencontrer les bons systèmes météo et après avoir encaissé la désillusion sur le plan sportif, j’aime ce que je vis et je veux en profiter au maximum », a ajouté le Costarmoricain, impatient par ailleurs de retrouver un terrain de jeu moins hostile.

« J’ai hâte de récupérer de la chaleur mais aussi de prendre une douche car ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas pu me laver. Ces deux perspectives me font du bien au moral car sur le plan météo tout risque de continuer de ne pas s’enchaîner trop bien pour moi », a ajouté Anthony Marchand à qui il reste encore deux semaines de mer avant de boucler la boucle.

« Je ne suis pas inquiet concernant mes réserves de nourriture. J’ai sauté beaucoup de repas, mais j’ai aussi pu faire des courses d'aliments frais à chaque arrêt. Pendant l’escale Néozélandaise, je suis allé au supermarché et j’avais l’impression d’être un enfant de 6 ans avec la carte bancaire de sa mère. Je n’ai acheté que des cochonneries. En somme, tout ce qui me faisait plaisir. Sur le moment, ça n’avait ni queue ni tête mais ça me permet aujourd’hui d’avoir quelques petits plaisirs pour cette fin de course qui promet de se jouer en mode « régate » » a terminé le skipper d’Actual Ultim 3.

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