Transat Café L’Or : La force des routines
Crédit photo : ATM Communication
Au Havre, pour les marins de la Transat Café L’Or, les journées s’étirent entre obligations médiatiques, briefings techniques et derniers réglages. Mais ce sont souvent les soirées qui révèlent l’essentiel : la capacité de chaque skipper à trouver son rythme et apprivoiser l’attente.
Anthony Marchand conserve une étonnante sérénité à l’approche d’un grand départ
Qu’il s’agisse d’une transatlantique ou d’un tour du monde, il parvient toujours à se reposer correctement : « Je dors très bien. La veille du jour J, je sombre comme si de rien n’était », sourit-il. Sa recette repose sur une mécanique immuable : un dernier point météo vers 20 ou 21 heures, puis un ou deux épisodes de série. « Ça m’évite de ressasser. Je m’évade, et je plonge dans un sommeil profond. »
Julien Villion, lui, adopte une autre stratégie
« J’essaie de basculer progressivement en mode marin. Dès l’avant-veille, je change un peu mon alimentation, je teste des micro-siestes. C’est une façon de préparer le corps et l’esprit à la transition. » Il choisit aussi de limiter la présence de proches sur le quai, préférant entrer doucement dans sa bulle.
Tous deux partagent cependant la même conviction : l’importance des routines
Le sport de haut niveau en est rempli : dans Les Yeux dans les Bleus, Zinedine Zidane expliquait sa préparation toujours identique avant un match — « C’est toujours les mêmes gestes. D’abord la jambe gauche, toujours. Chaussette, chaussure. Puis la jambe droite. » Chez les marins, le principe est le même : répéter, cocher, vérifier. « La meilleure manière d’éviter de stresser, c’est de tout passer méthodiquement en revue, avec des check-lists. Une fois cochées, la charge mentale tombe », souligne le Morbihannais. Le skipper d’Actual Ultim 4 confirme : « Si tu rumines, tu perds de l’énergie inutile. »
Ces nuits d’avant course ne sont pas qu’une affaire de sommeil ou d’insomnie. Elles sont une lente bascule entre la terre et la mer, entre le tumulte du village et la solitude du large. Dans ces heures suspendues, la puissance des petites routines tient lieu de boussole : elles alignent l’esprit avant que le corps ne s’élance.